Édito. Les Lyonnais doivent s’unir pour la paix

Photomontage. © Maxime Gruss

Dans l’effroi des jours écoulés, une image a pu redonner espoir. Sur la place des Terreaux, face à l’hôtel de ville de Lyon, un jeune homme coiffé d’une kippa a enveloppé sa silhouette d’un drapeau palestinien. C’était samedi dernier, lors d’un rassemblement en soutien aux habitants de Gaza, alors qu’Israël intensifiait ses opérations militaires. Interrogé par nos confrères de BFM Lyon, cet inconnu issu d’une famille juive a voulu témoigner de sa solidarité avec les civils victimes de la guerre.

Qu’importe de quel côté de la frontière ils sont nés. Ce rassemblement, non déclaré, n’était pas autorisé par la Préfecture. Depuis les attaques terroristes du Hamas au petit matin du 7 octobre et la réplique de l’État hébreu, la question des manifestations en soutien au peuple palestinien interroge. À Lyon, certaines ont été autorisées — comme la veillée aux bougies qui s’est tenue vendredi dernier, également place des Terreaux —, d’autres ont été interdites pour risques de « troubles à l’ordre public ».

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Aux préfets d’aviser, a rappelé le Conseil d’État le 18 octobre, soulignant que les manifestations propalestiniennes ne pouvaient être systématiquement retoquées. Dans le contexte incendiaire actuel, après les crimes orchestrés par le Hamas et la poussée d’actes antisémites dans l’Hexagone, il faut comprendre ces interdictions quand le risque d’appel à la haine est trop lourd.

Une solution de paix à deux États

Dans les rassemblements non autorisés, il est insoutenable d’entendre s’élever parfois des propos honteux envers les populations de confession ou de culture juive. Dans le même sens, il faut se préserver de tout discours raciste anti-arabe et de toute confusion entre le Hamas et la population palestinienne.

Le jeune lyonnais à la kippa et au drapeau montre qu’il est possible de se dresser pour la paix et l’humanité, sans sombrer dans une polarisation dangereuse des discours. En arborant deux symboles forts, il nous rappelle aussi la position de la France : celle d’une solution de paix à deux États. On peut faire bloc, place Bellecour, pour dire non aux horreurs du Hamas et déposer, quelques jours plus tard, une bougie sur le parvis de l’hôtel de ville pour les enfants morts sous les bombes à Gaza.

Lire aussi sur Tribune de Lyon : La préfecture du Rhône et la périlleuse gestion des réactions lyonnaises au conflit israélo-palestinien

Il est triste de voir certains représentants politiques se montrer irresponsables, s’adonnant à une «  twitterisation » de la parole. C’est Jean-Luc Mélenchon (LFI) qui publie sur X (ex-Twitter) « Voici la France » en partageant une vidéo de manifestation propalestinienne tout en accusant la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet (Renaissance) « d’encourager le massacre » à Gaza. C’est aussi le président de notre région, Laurent Wauquiez (LR), qui ajoute du déshonneur au déshonneur en lâchant « La collaboration, 80 ans plus tard » en réponse au post du leader des Insoumis.

Des élus appellent au discernement

Heureusement, certains élus locaux appellent au discernement, comme l’adjoint au maire de Lyon, Valentin Lungenstrass (Les Écologistes). « Entre festival des amalgames et manque de prise de hauteur, c’est terrifiant de médiocrité… », bouillonne-t-il (toujours sur X), regrettant qu’avec « des prises de position évidemment sans nuance, on assiste encore à un renforcement des clivages dans la société ». À Lyon, une prochaine manifestation en soutien aux Palestiniens est envisagée samedi 4 novembre au départ de la place Bellecour. À 3 000 kilomètres des bombes, c’est pour l’espoir de paix, aussi lointaine soit-elle, que les Lyonnais doivent marcher.  

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